|
Immo, un clown-saltimbanque venu
d'outre-Rhin Mis à jour le
mercredi 25 octobre 2000 Il
surgit soudain de nulle part pour bondir sur scène tel un diable blond
sorti de sa boîte. Immo est déjà un spectacle à lui tout seul. Avec
son 1,80 mètre, sa longue chevelure blonde, ses yeux malicieux et son
sourire moqueur, il a l'allure d'un Pierrot tombé de la Lune. Il commence
son show de manière originale, en serrant les mains des spectateurs
du premier et du dernier rang, histoire de créer une atmosphère de sympathie
et de bonne humeur. Après avoir fait un petit tour dans la salle et
embrassé une ou deux personnes au passage - « Ma tante Birgit…
C'est ma famille… », dit-il avec ironie pour expliquer ce
geste -, il remonte sur scène pour présenter le sponsor de son spectacle,
un fabriquant de pommes de terre génétiques, qu'il dit avoir préféré
à « la mairie de Toulon » et à « une ferme en Colombie
» comme autres partenaires potentiels.
Il commence ensuite son numéro par une série de sketches où
il se déguise successivement en steward, pour souhaiter la
bienvenue à bord de l'Espace Jemmapes, salle du spectacle ; en
accordéoniste affublé d'un nom à rallonge et qui envisage de
se lancer finalement dans la politique - avec le slogan «
Un grand nom pour un grand peuple » ; en comédien
auditionnant pour le rôle du Cid pour « une pièce
subventionnée par la Communauté européenne avec des comédiens
de tous les pays payés en euros », qui finira par se
retrouver figurant dans les troupes du Cid dans la version
filmée avec Eric Cantona dans le rôle du Cid et Céline Dion
dans celui de Chimène.
Mais la palette des multiples talents d'Immo ne se limite
pas à être un simple comique, il a de nombreuses autres cordes
à son arc pour séduire le public. Formé à l'Ecole
internationale de théâtre de Jacques Lecoq - sur les bancs de
laquelle il a d'ailleurs rencontré son complice pour
l'écriture du spectacle, Joan Bellviure -, Immo est aussi un
saltimbanque habitué au théâtre de rue et aux représentations
en plein air dans le cadre de festivals de rue comme Aurillac,
Avignon ou Prague. Du coup, ce n'est pas le fait de se
retrouver sur une scène étroite dans une salle close qui va
l'empêcher de se livrer à ses numéros de prédilection tels que
jongler avec trois, cinq puis sept balles en caoutchouc, se
percher tout en haut d'un monocycle pour lancer dans les airs
des torches enflammées et les rattraper, bien sûr. Les
spectateurs en frissonnent de plaisir et tous en redemandent,
petits comme grands.
Car Immo sait parfaitement faire participer de façon active
la salle à son spectacle. Il n'hésite pas à interpeller tel ou
tel spectateur, à lui demander un objet pour faire un numéro,
voire à le faire monter sur scène pour lui servir d'assistant.
Et c'est sans doute cette proximité, cette relation
privilégiée qu'il noue avec le public qui donne un petit plus,
un petit supplément d'âme à ce one-man-show d'un genre
nouveau. Cerise sur le gâteau, à peine le rideau tombé, c'est
Immo lui-même qui vient vous saluer à la porte du théâtre. Un
geste inhabituel qui mérite d'être noté, pour une fois qu'un
artiste ne se réfugie pas immédiatement dans sa loge après une
représentation.
Cristina Marino
mardi 24 octobre 2000 |